Le Monstre approche, large, puissant, noir.

Monter ou fuir ? 

Je suis loin, je suis seul, condamné au sol.
Et toi devant moi. 
L’Azur se vide il ne reste que nous deux, face à face.
L’assaut est inévitable, 
Je me prépare au combat.

Mes ailes craquent, tes bourrasques vibrent, je t’observe, je te sens, je patiente.
Je cherche ton centre, ta vie, ta force. 
Je veux t’atteindre au cœur, sans merci, sans pitié, pour ne te donner aucune chance. 
Je t’attends.

Tu me gifles, je t’enroule, je m’accapare ta puissance et je monte. 
Ta gueule béante m’avale. 
Tu me recraches de dédain et je retombe, moi si petit face à ta force colossale. 
Pas question de rompre, j’y retourne.
Je resserre mon étreinte. 
Tu me nargues.
Tu me brasses dans tes remous phénoménaux, je te perds, je te reprends. 
Là ! Je ne te lâcherai plus. 
Je te tiens.

Ta base sombre approche et la jouissance de te vaincre se mêle de la crainte de disparaître dans ton antre : victoire ou défaite, monter ou fuir ?
Déjà ma vue s’embrume, mes ailes disparaissent, la nuit s’avance, la fin s’annonce terrifiante. 
Tu m’as voulu et tu m’as.

Je cherche mon salut, je siffle, je me raidis, je te griffe. 
La lumière réapparaît d’un coup, violente, l’angoisse s’évanouit, je m’évade.
A l’abri au soleil, je me retourne, tu disparais. 
Je fus ton seul défit et tu t’évapores, puissance monstrueuse, je t’ai domptée, je t’ai vaincue.

Je souris, je rentre…


Entre Verneuil et Nonancourt le 25 septembre 2008.


Dominique LACAILLE